Alain

Je me suis installé en 1989 en créant un GAEC avec mon père. Ma mère a ensuite repris et en 2004, je me suis installé avec ma femme dans une EARL. En 2010, elle est partie et j’exploite maintenant seul une surface de 180 ha (dont 50% en herbe).

J’ai 80 vaches allaitantes et toute la suite en engraissement (femelles et mâles). Avec les naissances, le cheptel atteint environ 240 bêtes.

Le 16 septembre 2015, mon exploitation a été touchée par la tornade. C’était un gros coup dur ! Il ne me restait plus qu’un bâtiment. Quelques semaines après, il y a eu un incendie dedans. Alors là, j’étais dans le gouffre ! On a beau dire que ce n’est que matériel, quand il faut recommencer à zéro, à un moment donné, on en a ras-le-bol.

Cette catastrophe s’est ajoutée aux cours des céréales et de la viande bas, alors j’avais envie d’arrêter.

Ma conseillère de gestion m’a parlé du dispositif Réagir. J’y suis entré fin 2015. Quand on est confronté à des événements pareils, on entend tout et pas grand-chose. Chez Réagir, les accompagnateurs connaissent les démarches que l’on a à faire dans le cas de sinistres, et ils nous apportent du réconfort aussi. Niveau moral, on a besoin de parler, et c’est plus facile avec l’accompagnateur Réagir.

J’ai arrêté l’accompagnement cette année, au bout de deux ans, mais on sait toujours qu’au cas où, les accompagnateurs sont là.

Aujourd’hui, si je peux conseiller un agriculteur en difficulté, c’est d’appeler Réagir dans un premier temps. Quand les gens ont un souci, ils ont souvent honte. Avoir honte de parler de son cas ne mène à rien. Ça ne peut amener que du bien que de parler, surtout qu’il ne faut pas grand-chose pour basculer (problème au travail, dans la vie privée…) !

Quand on n’est pas bien, il faut en parler avec des personnes sûres, qui nous comprennent. Si on a la volonté de s’en sortir, ça n’ira que mieux.

Dans les autres professions, dès qu’il y a un suicide, c’est un scandale. En agriculture, il y en a des centaines par an, et c’est dommage qu’on n’en parle pas assez.

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